Conférence Scratch 2015 : L'enjeu de la technologie, ce sont les hommes

26 août 2015

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Qu’est-ce qui rend les conférences Scratch si spéciales ? Celle de ce mois d'août 2015 à Amsterdam l'a encore prouvé : c'est l’esprit de partage et d’échange !

Tout le monde contribue, de l’enseignant qui découvre le potentiel pédagogique de la programmation créative, l’expert en sciences de l’éducation qui partage ses insights, ou le développeur qui met à disposition ses solutions pour les ateliers avec des enfants. Et tout ceux qui, comme Magic Makers, enseignent sur le terrain aux enfants à "coder pour apprendre".

Impossible d’ailleurs de tout voir, il y a autant de gens qui présentent un atelier, un table ronde, un stand poster, que de gens qui participent. « Quarante sessions en parallèle demain. Mais où est la fonction clone (de Scratch) ?» 

Ce que je présente ici n’est pas un résumé exhaustif, mais ce qui m'a marquée :

Ma grande fierté :d’avoir participé à l’organisation de la conférence ! Et venir nombreux, accompagnée de la MagicTeam, et de 2 groupes d’étudiants avec qui nous avons réalisé des projets cette année.

 

La technologie est un outil, ce qui compte, c'est ce que l'on en fait

C’était un des grands messages de cette conférence : ce qui compte dans la technologie, ce sont les gens. Nous.

Linda Liukas l’a bien résumé en nous rappelant que « The DNA of internet is humanity ». Nous avons eu la chance de l’entendre nous lire le premier chapitre de son livre illustré pour enfant, ou l’on apprend la logique de l’informatique par la narration et le jeu. Un des projets phares du site de crowdfunding KickStarter, et comme les 9 000 autres personnes qui ont soutenu son projet, j’ai hâte de recevoir son magnifique livre par la poste.

Elle a également montré comment elle utilise les activités débranchées pour que les enfants s'approprient la logique de l'informatique, toujours avec un très beau design. Vous pouvez retrouver beaucoup de superbes exemples à imprimer sur son site Hello Ruby

Audrey Waters, auteur du blog Hack Education, nous l’a également rappelé, en soulignant la nécessité d’être critique envers la technologie. Je suis convaincue qu’il ne faut jamais perdre de vue l’intérêt pédagogique : que vont pouvoir apprendre les enfants grâce aux outils qu’on leur met entre les mains. Elle a d’ailleurs repris pour illustrer son propos les idées que Seymour Papert exprimaient déjà il y a 30 ans, comme un lien avec la perspective historique amenée par Cynthia Solomon en ouverture de la conférence.

Un peu d'histoire : Cynthia Solomon a travaillé avec Seymour Papert dans ses travaux de recherche sur l’utilisation des ordinateurs comme outils d’apprentissage. La tortue Logo, c’était lui, et sa pensée sur comment les ordinateurs changent l'apprentissage infuse les travaux du LifeLong KiderGarten Lab à l’origine de Scratch. 

Les photos des premières séances en 1968 en classe sont parlantes : Qu’est-ce qui a changé depuis la fin des années 60 ? Déjà, on y voit des enfants qui s’amusent à créer avec les ordinateurs de l’époque, des ordinateurs sans écrans !

Un professeur qui serait rentré dans la salle de classe et aurait trouvé les enfants en train de s’amuser avec un générateur de phrase aléatoire qu’ils avaient programmé, se serait écrié : « mais ce n’est pas un cours de math, ça ! » 

Le tweet de Mitch Resnick, le "papa" de Scratch, résume tout :

Why #Scratch? To help young people develop their voice, their thinking, their identity. #scratch2015AMS pic.twitter.com/DEH5WZJDh8

— Mitchel Resnick (@mres) 14 Août 2015

 

What's new ?

Scratch sur Ipad (enfin?)

La grande nouvelle : scratch arrive sur Ipad ! J’ai vu de mes propres yeux la version beta ! Même si je suis convaincue que pour créer, on a encore besoin d’une souris et d’un clavier, avant que les applications tactiles ne progressent encore, je sais que cela fera beaucoup d’heureux ! La preuve ; c’est mon tweet le plus retweeté de la conférence (et tout court d’ailleurs) ! A suivre...

Mon coup de coeur : la conception 3D avec BeetleBlocks

BeetleBlocks permet de créer des objets en 3D et des les imprimer grâce à n'importe quelle imprimante 3D. L'intérêt ? On conçoit les objets en programmant comme avec Scratch, mais sur 3 dimensions x ; y ; z.

J’adore le fait que l’on tripatouille des commandes de déplacements pour construire des objets : c’est un travail de conceptualisation en 3 dimensions et de lien avec les mathématiques qui peut être un outil pédagogique extraordinaire !

C’est l’un des nouveaux projets d’Eric Rosenbaum, à qui l’on doit déjà le fameux Makey Makey. Il a programmé une version de Snap ! avec l’aide de Bernat Romagosa du Citilab, à qui on doit aussi Snap4Arduino. Quand on connaît la vision d’Eric, pas étonnant que ce nouveau projet soit aussi emballant !

Hacker Twitter avec Scratch, c'est possible !

Une autre bonne nouvelle, c’est le site ScratchX mis en place par l'équipe @scratch du MIT. Il permet de trouver facilement des extensions pour connecter Scratch au monde extérieur

L'un des intérêts d’explorer ce que l’on peut créer grâce au code, c’est de réaliser le pouvoir que l’on a sur les objets. Avec Scratch, les enfants peuvent programmer des Legos, des micro processeurs comme Arduino ou Raspberry Pi, des drones Parrot. La connexion entre Scratch et ces matériels ou logiciels dépend souvent de la bonne volonté (en général bonne) de développeurs bénévoles, et sont plus ou moins faciles à installer et plus ou moins stables. Le site scratchX démocratise l'accès à ces extensions.

Vous voulez hacker Twitter avec Scratch ? C’est maintenant possible ! 

Brain Control

Le projet le plus bluffant : Carmelo, de CoderDojo Bologna, a connecté un casque à ondes cérébrales à Scratch. En se concentrant ou en clignant des yeux, on interagit avec le jeu programmé dans scratch. Une belle idée, conçue au départ comme une application pour les personnes avec handicap.

Bon, son extension n'est pas encore en ligne sur scratchX, mais envoyez-lui un tweet le pour lui demander !

Des robots sans fil à la patte

Nous avons mené cette année 2 projets avec des étudiants d’école d’ingénieur, que nous avons présentés à la conférence. Pour les deux équipes, le brief était le même : faire de l’électronique unplugged avec scratch.

Les solutions qui permettent de programmer des robots ou des stations météo depuis scratch nécessitaient jusqu’à présent que l'objet reste connecté par cable usb à l’ordinateur. Cela donne des robots qui ne vont pas très loin… et sinon il faut utiliser des solutions de programmation beaucoup moins abordables que Scratch pour des débutants ou des enfants.

L’équipe de Telecom ParisTech a choisi de contrôler un mini ordinateur Raspberry Pi à distance. Nos trois jeunes filles ont développé une solution qui transforme le raspberry Pi en borne Wi-Fi, et permet de le programmer avec scratch 1.4  depuis un autre ordinateur. Plus de fil à la patte, mais il faut rester à portée du WiFi, c’est déjà beaucoup plus rigolo. 

En plus de la photo souvenir avec Mitch Resnick, vous pouvez trouver leur code et tutoriel sur github.

L’équipe de Sup Galilée a choisi Arduino, et a développé une solution qui permet de télécharger son code scratch dans le processeur et ensuite de le débrancher.

Une solution maligne, qui complète les solutions déjà existantes pour programmer Arduino avec scracth 2.0. Cette solution a quand même nécessité de modifier le kernel Arduino pour permettre de gérer jusqu’à 10 actions en parallèle (threads) au lieu d’une seule, pour s’adapter à la programmation en parallèle de Scratch. Le code est sur github.

 

 

 

Souvenirs et liens en vrac

Retrouvez l'ambiance de la conférence comme si vous y étiez, grâce aux tweets et aux photos ! A commencer par la vidéo de Ricarose et Eric schilling de la Scratch Team.

 

 

Et pour finir, un énorme merci à Joek, l'organisateur de la #scratch2015AMS : you rock !